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7 octobre 2024

Comprendre les indicateurs économiques avancés, coïncidents et retardataires pour améliorer vos investissements.

Si vous vous imaginez que votre conseiller en placement passe la majorité de son temps à discuter des prédictions économiques et boursières… vous avez raison. Par prédictions, nous parlons d’opinions qu’il base sur une grande quantité de données et d’informations.

L’économie est une science de « cause à effet » qui fluctue, non pas au rythme des marées, mais bien celui d’informations politiques, financières et bien sûr économiques.

La mesure ultime de la santé économique est souvent calculée sous la forme de PIB. Le PIB, c’est « l’effet ». Il est reconnu par les économistes comme étant la confirmation d’une chaîne innombrables de données économiques.

Les « causes », elles, sont étudiées dans le but de faire des prévisions les plus précises possible, En d’autres termes : comprendre ce qui va en découler. On les appelle les indicateurs économiques avancés.

Bien que ce qui entre dans les indicateurs économiques avancés, coïncidents et retardataires ne soient pas les mêmes partout dans le monde, selon les économies respectives des pays et la réaction de la population à certains facteurs économiques, la majorité des économistes s’entend sur une certaine liste de données qui vous aident à choisir vos investissements et à parer les risques de tempêtes.

Exemples d’indicateurs avancés :

  • Les mises en chantiers ainsi que l’émission de nouveaux permis
  • L’indicateur PMI1 basé sur la santé manufacturière
  • La courbe des taux d’intérêt ainsi que les performances boursières
  • Les changements dans la masse monétaire d’une économie.

1https://www.morningstar.fr/fr/news/246832/les-indicateurs-pmi-ce-quils-sont-et-pourquoi-ils-sont-importants-pour-les-investisseurs.aspx

Exemples d’indicateur coïncident :

  • Le PIB d’une économie
  • Les profits corporatifs
  • La création d’emploi ainsi que les données salariales

Exemples d’indicateur retardataire :

  • Le taux de chômage
  • Le taux d’inflation

Avec ces listes, vous pouvez facilement voir que les données économiques qui prédominent dans les médias, soit l’inflation et le taux de chômage, sont des données retardataires qui reflètent une situation ou une tendance qui est déjà acquise dans l’économie. Ces deux données sont certainement très importantes, mais elles indiquent plutôt une surchauffe économique ou une tendance récessionnaire.

Prenons l’exemple de la dernière période d’inflation de 2022-2023. Cette période inflationniste est, selon la majorité des économistes, le symptôme d’une masse monétaire ayant explosé dans tous les pays occidentaux durant la crise économique covid.

La masse monétaire, qui est un indicateur avancé, aurait donc pu être utile dans la prévision de la période inflationniste post-covid, et avait d’ailleurs été prédite par plusieurs économistes. Les banques centrales ont dû attendre la confirmation de la montée de l’inflation (début 2022) avant de s’attaquer à ce problème via les hausses de taux d’intérêt.

Quand nous parlons d’indicateurs avancés de l’économie, nous parlons souvent de tendance, et non d’indicateur fixe. C’est-à-dire qu’une augmentation de la masse monétaire a comme effet de stimuler une économie et ainsi de créer de l’inflation. La majorité des économistes avaient prédit une hausse de l’inflation, mais très peu ont été capables de prédire l’ampleur de cette crise inflationniste à + 8% pour plusieurs mois.

Il faut que vous sachiez qu’une autre grande difficulté avec ces données économiques avancées est le temps de réaction. Une moyenne entre l’indicateur du « LEI » de la banque fédérale américaine et la confirmation des tendances est d’environ 7 mois.

Cela dit, cette moyenne n’est pas d’une grande aide sachant que chaque indicateur et chaque situation économique est unique, changeant le temps de réaction de l’économie à certains changements économiques.

Ces indicateurs peuvent-ils nous aider à faire des prévisions?

Prenons l’exemple de l’indicateur de la courbe des taux d’intérêt, qui est un indicateur avancé d’un ralentissement économique (et très souvent, d’une récession!).

Début de l’inversion de la courbe des tauxDébut de la récessionDélai (Lag time) en mois
Août 1978Janvier 198017
Septembre 1980Juillet 198110
Décembre 1988Juil 199019
Février 2000Mars 200113
Décembre 2005Décembre 200724
Début de l’inversion de la courbe des tauxDébut de la correction des marchésDélai (Lag time) en mois
Août 1978Février 198019
Septembre 1980Novembre 19803
Décembre 1988Juillet 199020
Février 2000Mars 20002
Décembre 2005Octobre 200723

Dans ce tableau, vous pouvez voir que malgré que cet indicateur soit d’une puissante efficacité, la réaction des marchés a été aussi courte que 2 mois ou aussi longue que 2 ans. Les statistiques actuelles de cet indicateur sont encore plus difficiles à comprendre sachant que l’inversion du mois de juillet 2022 n’a toujours pas créé de récession 25 mois plus tard… un record historique!

Tout indicateur économique, peu importe sa force de prédiction, n’est jamais une garantie. L’inversion des courbes d’intérêts a été capable de prédire une récession avec précision depuis plus de 70 ans, sauf dans le cas de 1966. Cet indicateur ne peut donc pas garantir qu’il y aura une récession en 2025, mais les probabilités de récessions sont définitivement plus grandes avec cette donnée.

Et que se passe-t-il dans la mer des marchés boursiers ?

Vous pouvez remarquer que la performance des marchés boursiers est elle-même un indicateur précurseur de l’économie. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est très difficile de faire des prédictions court terme sur les marchés boursiers. Les investisseurs ont comme mandat d’essayer de prévoir où se situera l’économie dans les prochains mois. Une bonne prédiction pourrait vous mettre en avance sur un investissement, ce qui, dans le monde boursier, rime avec profit.

Les acteurs de la bourse ont donc des incitations financières à faire une bonne prédiction boursière. La moyenne des prédictions économiques est reflétée dans les prix des actifs boursiers, ce qui explique l’effet avancé des marchés boursiers sur l’économie.

Très souvent, les marchés financiers sont l’indicateur fort d’une économie en croissance. Cet indicateur n’est cela dit pas très bon pour prédire les récessions, car elles sont souvent liées à certains événements uniques comme l’arrivée de la Covid 2019.

Malgré l’influence que peuvent avoir les marchés boursiers sur l’économie, ces chocs extérieurs aux données économiques (l’effondrement de Lehman Brothers, ou l’arrivée de la covid 19) sont souvent les déclencheurs des vraies grandes récessions. Encore une raison pour laquelle il est souvent très difficile de les prédire.

Que devez-vous retenir?

Qu’il est facile de prédire un ralentissement économique, mais très difficile de prédire une récession.

« Les marchés boursiers ont prédits 9 des 5 dernières récessions »

Paul Samuelson, Professeur du MIT (1982)

Dans le monde des investissements, quelqu’un qui connaît la chaîne de « cause à effet » économique de chaque changement est un peu comme un navigateur qui connaîtrait les courants qui agitent certaines voies de navigation. Cela ne le prémunit pas d’une tempête, mais cela augmente significativement ses habiletés à en ressortir indemne, ou même plus fort.

Voyez votre conseiller en placement comme ce navigateur d’expérience qui a vu passer beaucoup de courants, bien des tempêtes, et connaît les meilleures voies d’accès.

Il maîtrise les capacités prédictives des indicateurs économiques, tout en comprenant les limitations et la complexité des économies dans lesquelles nous vivons.

Notre cap est toujours clair : diminuer le risque et augmenter les probabilités de votre réussite financière avec des outils, certes complexes, mais que nous utilisons à pleine capacité pour mieux naviguer.

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